"Il y a de cela trois ou quatre mois, un homme d’une quarantaine d’années, correctement vêtu de noir, se présentait aux bureaux de rédaction du Petit Journal.
Il apportait un manuscrit d’une écriture à faire pâmer d’aise l’illustre Brard, le prince des calligraphes.
– Je repasserai, nous dit-il, dans une quinzaine, savoir ce que vous pensez de mon travail.
Religieusement le manuscrit fut placé dans le carton des « ouvrages à lire, » personne n’ayant eu la curiosité d’en dénouer la ficelle...
Et le temps passa...
Je dois ajouter qu’on dépose beaucoup de manuscrits au Petit Journal, et que l’emploi de lecteur n’y est pas une sinécure.
Le monsieur, cependant, ne reparut pas, et on l’avait oublié, quand un matin celui de nos collaborateurs qui est chargé des lectures, nous arriva tout émoustillé.
– Par ma foi ! s’écria-t-il en entrant, je viens de lire quelque chose de véritablement extraordinaire..."
A Paris, dans le quartier des Batignolles, un "petit vieux" est retrouvé assassiné. Méchinet, agent de la sûreté, se lance sur la piste du ou des meurtriers ; Godeuil, son voisin et étudiant en médecine, s'associe à lui dans cette enquête...
Court roman suivi de 5 nouvelles :
"Bonheur passe richesse" - "la soutane de Nessus" - "Une disparition" - "Maudite maison" - "Casta vixit"
Émile Gaboriau (Saujon 1832–Paris 1873) fut hussard en Afrique, chef d'écurie et s'engagea dans la cavalerie avant de s’installer à Paris. Il y devient le secrétaire de Paul Féval qui lui fait découvrir le journalisme. Il publie son premier roman, L’Affaire Lerouge, en 1866. Le succès est tel qu’il est engagé comme feuilletoniste au Petit Journal. Emile Gaboriau est considéré comme le père du roman policier français.