Comme on le verra plus loin, je conus les bienfaits de la monarchie, jÕadmis sa ncessit, dÕabord par dsillusion. Observant les partis en leurs querelles pour sÕassurer les faveurs de la femme sans tte qui a nom Rpublique, je fus dgot par la bassesse de leurs ambitions et lÕignominie de leurs convoitises. Je saisis combien il tait absurde que les intrts les plus essentiels de la France dpendissent des fluctuations dÕassembles soi-disant reprsentatives o pullulaient les illettrs et les incapables, o dominaient quelques intrigants, captifs eux-mmes de financiers louches. Je constatai lÕvidence, cÕest--dire que les changements perptuels de ministres empchaient toute continuit dans les desseins et dans les actes. Je vis la discorde entretenue dans les provinces par les politiciens subalternes qui mnent aux fondrires cet aveugleÊ: le suffrage universel. Je vis enfin dÕhonntes gens, pleins de bonne volont, vous lÕimpuissance, malgr leurs efforts, parce quÕils ne russissaient pas se librer de lÕerreur dmocratique. Et je conclus que si une raction salutaire ne ramenait pas le Roi pour rtablir lÕordre dans la maison, nous pourrions peut-tre bientt crire en pleurant sur la porteÊ: Finis Galliae_! Que Dieu dtourne le prsage_!É Arriv ce point, il y a une douzaine dÕannes, je mÕinformai des doctrines de lÕAction franaise. Je lus surtout Maurras, non plus en dilettante, comme nagure, mais afin de vrifier, par les faits, si le rgime quÕil proposait pour le salut de la France tait conforme la vrit politique. La rponse fut totalement affirmative.CÕest le rcit de mon volution que lÕon va lire. On mÕexcusera si jÕai donn cet essai la forme de mmoires. Elle mÕa paru la moins aride et la plus capable de persuader le lecteur. Je lÕavais dj employe lorsque jÕcrivis Du diable Dieu, o jÕai rapport comment jÕavais t conduit de lÕignorance religieuse la foi. LÕindulgence avec laquelle fut accueilli ce petit livre mÕa dcid user dÕune forme peu prs analogue pour exposer comment je fus amen de la frnsie rvolutionnaire lÕindiffrence politique, puis la doctrine royaliste.
Est-il besoin dÕajouter que je nÕai t dtermin, en entreprenant ce travail, par aucune ambition autre que celle de servir la France dans la mesure de mes moyens_? Depuis des annes, je vis lÕcart, soit au cÏur de la fort, soit dans des monastres, soit au village. Je ne veux rien tre. Je ne frquente ni les milieux politiques ni les cnacles littraires, ni les salons Ñ non par ddain, certes, mais par un penchant inn la solitude et au silence. Il se peut que cette habitude de vie prsente quelques inconvnients. Mais elle possde un grand avantageÊ: elle me permet de juger les vicissitudes de la politique avec un entier dtachement.